lida ghodsi artiste iran
lida ghodsi artiste iran

À propos de moi et femme vie liberté


Dans le tumulte de l'Iran post-révolutionnaire de 1979, mon histoire s'est tissée, une trame commune à tant de femmes de ma génération. Tout a commencé ce jour où l'on nous a intimé l'ordre de changer d'école, la nôtre devant fermer ses portes. Une école mixte, jugée inacceptable par les nouveaux détenteurs du pouvoir. Pour une petite fille de 9 ans, ce changement était monumental. J'ai réalisé rapidement que je n'avais plus le droit d'aller à l'école sans porter le voile. C'est là que notre combat a débuté, dans l'arène de nos vies à double facette. Une vie publique, où nous étions contraintes de dissimuler notre vraie nature, nos pensées, notre façon de nous vêtir. Nous nous auto-censurions à chaque pas à l'extérieur, dans un jeu de masques incessant, tandis qu'à l'intérieur, dans notre vie privée, nous aspirions à une existence moderne, laïque, empreinte de liberté et d'amour.

À l'âge de 35 ans, j'ai pris la décision audacieuse de quitter mon pays natal pour la France, en quête de liberté. J'ai laissé derrière moi ma vie sociale, mes attaches, et j'ai entamé un nouveau chapitre en France, mon pays d'adoption. Le souvenir de mon dernier voyage en Iran en 2009 reste gravé dans ma mémoire. J'ai alors sollicité ma famille et mes amies pour poser pour des photos, une fois sans voile, révélant ainsi notre véritable être, une fois voilées, comme nous l'étions dans la rue. Certaines ont courageusement accepté de montrer leur vrai visage, incarnant notre dualité intérieure et extérieure. Trois d'entre elles figurent désormais dans la collection du musée de Lyon, témoignant ainsi de notre lutte silencieuse.

Cependant, douze d'entre elles ont décliné, préférant rester dans l'ombre. Je leur ai alors demandé d'écrire leurs raisons, cachant ainsi leur visage mais révélant les barrières invisibles qui les retiennent. Leurs réponses, empreintes de peur et de contraintes sociales, ont révélé la réalité oppressante dans laquelle elles évoluent toujours en Iran. Mais aujourd'hui, ces douze femmes, anonymes mais puissantes, ne se cachent plus seulement derrière leur voile, elles défient ouvertement le régime dictatorial qui les oppresse. Elles se battent pour briser les chaînes de l'oppression, pour la vie, pour la liberté. Et bientôt, elles triompheront, je le crois, de ce régime obsolète, pour ouvrir enfin la voie à un avenir où les femmes pourront respirer librement, où leur vie ne sera plus entravée par des barrières injustes.